De retour en Afrique du Sud, il participe à la mission de pacification de civilisation des Ashanti (1895). Lors de la révolte des Matabélés (guerriers zoulous devenus pillards), il fit preuve d'un extraordinaire mélange de courage et de prudence, de telle sorte que les Matabélés l'appelèrent IMPEESA (le loup qui ne dort jamais), et qu'il fut nommé colonel breveté (1897). Son ascension dans la hiérarchie militaire étant tellement rapide qu'il ne pouvait que continuer d'être envoyé aux quatre coins du monde afin de diriger telle ou telle mission.
Il fit donc un nouveau séjour aux Indes comme commandant du 5e dragon. Il fut plus spécialement confronté à l'art de conduire des hommes. Ayant la responsabilité d'un corps de cavalerie, il s'attacha à préparer d'abord les capacités de l'homme au lieu de s'en tenir à la classique préparation du cheval et du matériel :
« Un homme ne peut être bon cavalier que s'il aime sa monture. Il ne peut être bon soldat que s'il aime le service. De même, un officier ne peut être bon chef que s'il aime ses hommes! »
Le chef n'est pas le premier imbécile qui donne des ordres, mais celui qui est passé maître dans l'art de les mener. B-P applique donc à son corps de soldats deux principes à valeur éducative :
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La RESPONSABILITÉ :
Il divise le régiment en petites escouades, ce qui permettait aux jeunes officiers subalternes de prendre leur part de responsabilités.
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La DISCIPLINE INTÉRIEURE :
Elle est développée au moyen de contacts individuels, personnels et amicaux avec chacun de ses hommes.
Par exemple, B-P a stoppé l'entérite dans son régiment en y créant une fabrique de sodas, une boulangerie et une laiterie; tout ceci étant bien entendu tenu par des soldats compétents. Ainsi ses hommes ne risquaient plus de contracter les germes des maladies en se rendant dans les bazars indigènes.
On a souvent entendu dire qu'on devrait avoir honte de se faire une gloire de préparer les hommes à être des meurtriers. Baden-Powell l'a aussi entendu. Bien que les moyens, le champ et l'esprit de la guerre aient nettement changé depuis, la réponse de B-P peut être aussi exacte de nos jours.
- La question comporte un autre côté. Lord Allenby a dit : « Ce ne sont pas les soldats qui font la guerre, ce sont les politiciens : les soldats, eux, mettent fin à la guerre. »
- À part le sport, la camaraderie, la magie d'être un pionnier qui va combattre dans des régions reculées de la terre, il y a pour l'officier un appel plus fort, une occasion merveilleuse d'instruire les milliers de jeunes qui passent par ses mains, en ayant en vue les besoins de la patrie. Ainsi pour B-P, l'officier dispose d'un pouvoir réel (comme le maître d'école) qui lui permet, s'il sait en faire un bon usage, de développer parmi ses hommes les meilleurs attributs du bon citoyen.
C'est comme cela que Baden-Powell pourra « transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre en un art d'apprendre aux garçons à faire la paix. »